Donald Knuth

Un algorithme pour mesurer la complexité des rythmes vécus?

Daft Punk (Photo: MemoMorales97; https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Daft_punk.jpg)

Daft Punk (Photo: MemoMorales97; https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Daft_punk.jpg)

Colin Morris (qui se décrit comme un “programmeur au chômage et un passionné d’apprentissage profond” (unemployed programmer and deep learning enthusiast) intéressé par “l’apprentissage automatique et la visualisation des données” (machine learning and data visualization)) a récemment publié un article digne d’intérêt intitulé "Are Pop Lyrics Getting More Repetitive?" (Les paroles de chansons populaires deviennent-elles plus répétitives?) dans The Pudding, une revue hebdomadaire d’essais. Cet article reprend une réflexion entamée en 1977 par l’informaticien Donald Knuth, dans un article intitulé The Complexity of Songs (La complexité des chansons). À l'époque, Knuth s'interrogeait avec humour sur la tendance des chansons populaires à s'éloigner des ballades riches en contenu pour se tourner vers des textes très répétitifs, avec peu ou pas de contenu digne d’intérêt.

La contribution de Morris teste littéralement l'hypothèse de Knuth de 1977 sur une base empirique. Il a ainsi analysé la répétitivité d'un ensemble de données de 15'000 chansons qui ont figuré sur le Billboard Hot 100 entre 1958 et 2017. Pour ce faire, Morris a utilisé un algorithme de compression (l'algorithme Lempel-Ziv ou LZ) servant à compresser des fichiers tels que les gifs, les pngs et d'autres formats d'archives informatiques. Comme l'explique Collins, le LZ fonctionne en exploitant des séquences répétées : "L'efficacité avec laquelle la LZ peut compresser un texte est directement liée au nombre et à la longueur des sections répétées dans ce texte". Les résultats de l'expérience de Collins sont très clairement décrits dans son article à travers plusieurs graphiques et animations. Ils tendent à démontrer l'hypothèse selon laquelle, depuis les années 1960, la musique populaire est devenue de plus en plus répétitive (ou, en d'autres termes, plus facile à compresser à un rythme plus élevé) :

"En 1960, la chanson moyenne est compressible à 45,7 %) ... En 1980, la chanson la plus répétitive est Funkytown (compressible à 85 %) ... Une chanson moyenne de [2014] se compresse 22 % plus efficacement qu'une chanson de 1960".

En discutant des résultats de son étude, Collins explore les différences entre les genres et les artistes et établit des tableaux comparatifs, organisés par décennies. En parcourant son article, vous apprendrez que "Around the World" de Daft Punk (1997) est la chanson la plus répétitive produite pendant cette période, que Rihanna est l'artiste la plus répétitive dans l'ensemble des données de Collins, ou que des rappeurs comme J. Cole et Eminem ont tendance à être non répétitifs de manière consistante.

La répétition, le rythme, la valeur esthétique et leur relation avec la société

Même si elle n'affirme pas une revendication esthétique, l'étude de Collins apporte une pièce de plus à une longue tradition de réflexions remettant en question les relations entre les rythmes esthétiques (p.ex., la poésie, la musique, la danse) et les dimensions rythmiques qui caractérisent un environnement socioculturel à une période donnée. La remise en question des caractéristiques rythmiques inhérentes à la production culturelle, comme la poésie ou la musique, a une longue histoire. Pour Platon et Aristote, les rythmes désignaient le principe organisant la succession des unités élémentaires et complexes composant la poésie, la musique et la danse. Leur approche renvoyait à une conception du jugement esthétique privilégiant une sorte de mesure (le métronome). Comme l'explique Couturier-Heinrich (2004), au XVIIIe siècle, suivant les contributions de poètes tels que Moritz, Goethe, Schiller, Schlegel et Hölderlin, le concept de rythme est réapparu dans les réflexions sur l'esthétique, privilégiant les qualités intérieures d'un texte, plutôt que ses attributs mesurables. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Wagner et surtout Nietzsche ont relancé la discussion. L'évolution des rythmes esthétiques a alors été interprétée comme le signe de mutations sociétales, associées - entre autres - aux changements culturels et économiques caractérisant la modernité et la révolution industrielle (Hanse, 2007).

La répétition et la qualité de l'expérience vécue

Outre le fait qu'elle propose une mesure objective pour décrire la manière don les paroles ont pu évoluer pendant la seconde moitié du XXe siècle, l'étude de Collins apporte à mon avis un élément supplémentaire aux recherches actuelles autour de la rythmmanalyse. Pour le situer, il me faut d'abord le recadrer à la lumière d'une réflexion sur la relation entre la répétition et la qualité de l'expérience vécue. Depuis les travaux de Marx, la "tyrannie du temps" dans la société capitaliste reste un thème récurrent dans les études sociologiques portant sur le rôle joué par la rigidité, la coercition et la régularité imposées par le cadre temporel de l'industrialisation (p.ex., les chaînes de montage, la taylorisation). Comme le souligne Lefebvre (1961/2002, p. 340), la relation entre aliénation et répétition est à la fois une question de qualité et de quantité. Ainsi, il faut distinguer différents types de répétition (c'est-à-dire prendre en considération le niveau de différence et de créativité qu'ils impliquent) pour analyser leur valeur et leur signification.

Travailler sur une chaîne de montage, ou répéter chaque jour les mêmes routines dans une salle de classe, peut être ressenti comme aliénant car la répétition est vécue comme une source de monotonie, de fatigue, de consommation ou d'épuisement (Jacklin, 2004). Elle dépouille donc la personne de l’expérience qu’elle fait dans sa chair. Elle ne laisse pas de place à la création de soi, à la plénitude ou à l'harmonie vis-à-vis de soi-même et du monde environnant. De ce point de vue, la redondance des exigences pragmatiques de la vie quotidienne peut constituer une source de détachement qui sépare les actions quotidiennes (p.ex., au travail, à l'école ou dans la famille) de ce qui les nourrit (p.ex., l'impulsion ou le désir), entraînant une érosion du sens accordé à l’expérience vécue et un sentiment de banalité du quotidien (Lefebvre, 1961/2002, 1992). Un sentiment d'aliénation peut ainsi provenir de la séparation entre les pulsions créatives et les rythmes répétitifs du quotidien (Lefebvre, 1992). C'est l'une des raisons pour lesquelles le projet rythmanalytique de Lefebvre a été fondé sur l'étude des dimensions rythmiques du quotidien comme sources potentielles d'aliénation. (Alhadeff-Jones, 2017, p.164)

Faire l’expérience de la répétition et mesurer mathématiquement la redondance

La contribution de l'étude de Collins devient particulièrement pertinente, une fois qu'elle est liée à une réflexion plus large sur la répétition et la qualité de l'expérience vécue. Elle traduit en premier lieu l’intuition selon laquelle la complexité de la production culturelle est susceptible de diminuer au fil du temps, par rapport à certaines normes (p.ex., le niveau de redondance des informations) ou varier en fonction du répertoire d'un artiste. D'une certaine manière, certains diront qu'il n'est pas nécessaire d'établir une démonstration aussi sophistiquée pour faire cette affirmation. Le mérite de cette approche est qu'elle fournit une mesure objective pour décrire une telle évolution. Comme l'a formulé Collins : "Je sais reconnaître une chanson répétitive quand j'en entends une, mais il n'est pas facile de traduire cette intuition en chiffres". En sciences sociales, la rythmanalyse se réfère généralement à une praxis conçue d'abord dans une perspective qualitative : l'étude des qualités affichées par l'expérience des phénomènes rythmiques. A contrario, en biologie ou en médecine, l'analyse des rythmes est basée sur des données quantitatives (p.ex., la mesure de l'activité cardiaque). Ce qui me semble particulièrement intéressant dans l'approche de Collins est le fait qu'elle démontre l'intérêt d'utiliser un algorithme spécifique pour mesurer une dimension constitutive de l'évolution de la complexité des productions culturelles. En fournissant une analyse qui va au-delà de la capacité de perception humaine, elle nous offre une description plus riche du monde dans lequel nous vivons.

Complexité computationnelle et recherche rythmanalytique

D'un point de vue méthodologique, l'idée d'utiliser des algorithmes de compression pour mesurer le niveau de redondance des informations ouvre une voie stimulante pour la recherche rythmanalytique. Si la redondance peut être conçue comme un marqueur de l'absence d'impulsion créative, comprise comme un signe de perte de soi (Alhadeff-Jones, 2017), alors sa mesure mathématique nous fournit un outil pertinent pour comparer les situations et évaluer leur évolution dans le temps. Nul besoin d'un algorithme sophistiqué pour savoir quand une activité est ressentie comme trop répétitive, surtout lorsque le désagrément est ressenti à travers son propre corps. Les choses deviennent plus délicates lorsque nous commençons à envisager des activités impliquant des pratiques discursives. Là encore, il semble qu'il n'y ait pas besoin d'un cadre de recherche élaboré pour déterminer que le fait de travailler par exemple dans un centre d'appel peut constituer une activité répétitive, façonnée par des scripts dénués de variations. Mais une fois que l'on veut comparer des activités, comme celles qui consistent à enseigner, à s'occuper ou à aider les autres, les choses se compliquent.

En suivant l'exemple de Collins, on peut imaginer une cohorte de professionnels (p.ex., des enseignants, des formateurs, des médecins, des infirmières) qui accepteraient de faire enregistrer leur voix pendant une journée entière, plusieurs jours par an, plusieurs années de suite. L'utilisation d'un algorithme tel que le LZ pourrait ainsi fournir une mesure du niveau de redondance de leurs discours, et servir de base pour établir des comparaisons entre personnes, entre les domaines de pratique, et pour une même personne, en révélant les manières dont elle évolue au fil du temps. Je n'ai jamais été partisan des approches quantitatives en sciences humaines, mais il me semble qu'un tel outil représenterait un instrument intéressant pour explorer, à travers différents contextes et différentes périodes, le niveau de complexité des rythmes discursifs impliqués dans les activités humaines.

En d’autres termes : À une époque où la normalisation et la gestion de la qualité exigent que les gens suivent des procédures prédéfinies, et adoptent des formules standard, être capable de mesurer le niveau de créativité inhérent aux discours prononcés apparaît comme une manière intéressante de décrire les manières dont on apprend (ou désapprend) à résister, au fil du temps, à l'homogénéisation croissante des pratiques.

Et vous ?

Quand faites-vous l'expérience de la répétition d'une manière qui péjore votre vécu ? Quel type de stratégie mettez-vous en œuvre pour enrichir votre pratique quotidienne ? Comment savez-vous quand vous devez réviser ce que vous faisiez auparavant pour le rendre plus créatif ?

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Citer cet article: Alhadeff-Jones, M. (2017, juin 6). Un algorithme pour mesurer la complexité des rythmes vécus? Rhythmic Intelligence. http://www.rhythmicintelligence.org/blog/2017/6/6/an-algorithm-to-measure-the-complexity-of-lived-rhythms-9ka42

An algorithm to measure the complexity of lived rhythms?

Daft Punk (Photo: MemoMorales97; https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Daft_punk.jpg)

Daft Punk (Photo: MemoMorales97; https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Daft_punk.jpg)

Colin Morris (a self-described "unemployed programmer and deep learning enthusiast" interested in "machine learning and data visualization") recently published an intriguing paper titled "Are Pop Lyrics Getting More Repetitive?" in The Pudding, a weekly journal of visual essays. This paper takes over a reflection, started in 1977 by Donald Knuth, a computer scientist, in a paper titled The Complexity of Songs. At that time, Knuth questioned in a humorous way the tendency of popular songs to drift away from content-rich ballads to highly repetitive texts, with little or no meaningful content.

Morris's contribution literally tests Knuth's 1977 hypothesis with data. He analyzed the repetitiveness of a dataset of 15'000 songs that charted on the Billboard Hot 100 between 1958 and 2017. To proceed, he used a compression algorithm (the Lempel-Ziv algorithm or LZ) used to compress files such as gifs, pngs, and other computer archive formats. As explained by Collins, the LZ works by exploiting repeated sequences: "How efficiently LZ can compress a text is directly related to the number and length of the repeated sections in that text." The results of Collins's experiment are very clearly described in his paper through several graphics and animations. They tend to demonstrate the hypothesis according to which, since the 1960s, popular music became more and more repetitive (or, in other words, easier to compress at a higher rate):

"In 1960, the average song is 45.7% compressible) ... By 1980, the year's most repetitive song is Funkytown (85% compressible) ... An average song from [2014] compresses 22% more efficiently than one from 1960."

Discussing the results of his study, Collins explores differences among genres and artists and establishes comparison charts, organized by decades. By browsing his paper, you'll learn that Daft Punk's (1997) "Around the World" is the most repetitive song produced during that period, Rihanna the most repetitive artist in Collins's dataset, or that rappers like J. Cole and Eminem tend to be consistently non-repetitive.

Repetition, rhythm, aesthetic value and the way they relate to society

Even if it does not assert an aesthetic claim, Collins's study brings one more piece to a long tradition of reflections questioning the relationships between aesthetic rhythms (e.g., poetry, music, dance) and the rhythmic features that characterize a sociocultural environment at a specific period. The questioning of the rhythmic features inherent to cultural production, such as poetry or music, has a long history. For Plato and Aristotle, rhythms used to refer to the principle organizing the succession of elementary and complex units composing poetry, music and dance. Their approach was congruent with a conception of aesthetic judgment privileging some kind of measure (metron). As discussed by Couturier-Heinrich (2004), during the 18th century, after the contributions of poets such as Moritz, Goethe, Schiller, Schlegel and Hölderlin, the concept of rhythm appeared again in reflections on aesthetic, privileging the inner qualities of a text, rather than its measurable attributes. During the second half of the 19th century, Wagner and especially Nietzsche reinitiated the discussion. The evolution of aesthetic rhythms was then interpreted as a sign of societal mutations, associated – among others – with the cultural and economic shifts characterizing modernity and the industrial revolution (Hanse, 2007).

Repetition and the quality of lived experience

Beside the fact that it proposes an objective measurement to describe how lyrics may have evolved during the second half of the 20th century, Collins's study brings in my opinion an additional element to the current research around rhythmanalysis. To locate it, I must first reframe it in the light of a reflection around the relationship between repetition and the quality of lived experience. Since Marx's analysis, the "tyranny of time" in capitalist society remains a recurring theme in sociological studies focusing on the role played by the rigidity, the coercion and the regularity imposed through the temporal framework of industrialization (e.g., assembly line, taylorization). As discussed by Lefebvre (1961/2002, p. 340), the relationship between alienation and repetition is both a matter of quality and quantity. Thus, different types of repetition have to be distinguished (i.e., taking into consideration the level of difference and creativity they involve) to analyze their value and meaning.

Working on an assembly line, or repeating every day the same routines within a classroom, may be experienced as alienating because repetition is lived as a source of monotony, tiredness, consumption or exhaustion (Jacklin, 2004). It dispossesses therefore the person from one’s own embodied experience. It does not let room for self-creation, plenitude or harmony with oneself and with the world. From this angle, the redundancy of the pragmatic demands of everyday life may constitute a source of detachment that separates daily actions (e.g., at work, in school or in the family) from what generates them (e.g., impulse or desire), resulting in an emptying out of meaning and the banality of the quotidian (Lefebvre, 1961/2002, 1992/2004). Alienation may come therefore from the separation between creative impulses and the repetitive rhythms of life (Lefebvre, 1992/2004). This is one of the reasons why Lefebvre’s rhythmanalytical project was grounded in the study of the rhythmic dimensions of the every day as potential sources of alienation. (Alhadeff-Jones, 2017, p.164)

Experiencing repetition and the mathematical measurement of redundancy

The contribution of Collins's study becomes particularly relevant, once it is linked to a broader reflection around repetition and the quality of lived experience. Collins's contribution translates an intuition. The intuition that the complexity of cultural production may be decreasing through time, according to some standards (e.g., the level of redundancy of information) or varies depending on an artist's repertoire. In a way, some would argue that there was no need to establish such a sophisticated demonstration to make that claim. The merit of the approach is that it provides one with an objective measurement to describe such an evolution. As formulated by Collins: "I know a repetitive song when I hear one, but translating that intuition into a number isn't easy." In social sciences, rhythmanalysis usually refers to a praxis first conceived from a qualitative perspective: the study of the qualities displayed by the experience of rhythmic phenomena. A contrario, in biology or in medical studies, rhythms analysis is based on quantitative data (e.g., the measurement of cardiac activity). What seems to me particularly interesting with Collins's approach is the fact that it demonstrates the value of using a specific algorithm to measure a dimension constitutive of the evolution of the complexity of cultural productions. By providing an analysis that goes beyond human capacity of perception, it provides us with a richer description of the world we are living in.

Computational complexity and rhythmanalytical research

From a methodological point of view, the idea of using compression algorithms to measure the level of redundancy of information opens up a stimulating avenue for rhythmanalytical research. If redundancy may be conceived as a marker of the absence of creative impulse, understood as a sign of loss of the self (Alhadeff-Jones, 2017), then its mathematical measurement provides us with a relevant tool to compare situations and evaluate their evolution through time. No need for a sophisticated algorithm to know when an activity is experienced as too repetitive, especially when the inconvenience is experienced through one's own body. Things become more tricky when we start considering activities involving discursive practices. Again, it seems that there is no need for an elaborated research setting to determine that working for instance at a call center may constitute a repetitive activity, shaped by unimaginative scripts. But once you want to compare activities, such as those involved in teaching, caring, or helping others, things become much more complicated.

Following Collins' example, we could imagine following a cohort of professionals (e.g., teachers, trainers, doctors, nurses) who would accept to have their voice recorded during a whole day, several days a year, several years in a row. Using an algorithm such as the LZ could provide us with a measurement of the level redundancy of their discourses, how it compares between professionals, between fields of practice, and for the same person, how it evolves through time. I have never been a proponent of quantitative approaches in human sciences, but it seems to me that such a tool would represent an interesting instrument to explore, through different contexts and different periods, the level of complexity of the discursive rhythms involved in one's activity.

Said in another way: In a time when standardization and quality management require people to follow predefined procedures, and adopt standard formulas, being able to measure the level of creativity inherent to one's discourses appears as an interesting way to describe how people learn (or unlearn) to resist through time to the increasing homogenization of human practices.

What about you?

When do you experience repetition in a way that seems debilitating?

What kind of strategy do you implement in order to enrich your everyday practice?

How do you know when you need to revise what you used to do in order to make it more creative?

Feel free to use the comments section below to share your feedback and questions. Thank you.


Cite this article: Alhadeff-Jones, M. (2017, June 6). An algorithm to measure the complexity of lived rhythms? Rhythmic Intelligence. http://www.rhythmicintelligence.org/blog/2017/6/6/an-algorithm-to-measure-the-complexity-of-lived-rhythms